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Lait et traitsen Val de Saône Lait et traitsen Val de Saône

Chez les Garret, la vente directe de viande de poulain contribue à maintenir le comtois en association avec les bovins.

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A un mois de l’hiver, le troupeau montbéliard de Frédéric et Philippe Garret pâture encore. « Nous n’avons rentré au bâtiment que les femelles à inséminer », se réjouissent ces frères en Gaec, satisfaits d’avoir gagné trois précieuses semaines. Dès juillet, la sécheresse les avait contraints à distribuer du foin au parc.

D’ordinaire, début novembre, leurs bovins laissent la place au pré à une soixantaine de chevaux comtois. Un élevage développé sur la ferme depuis les années soixante-dix par Étienne Garret, le père des deux associés. Bien que retraité depuis 2008, ce passionné de trait comtois continue de donner un coup de main à l’atelier équin. « Répartis partout en pâtures avec les bovins, nos chevaux restent à l’extérieur toute l’année. Ils permettent une bonne valorisation et une bonne qualité de l’herbe, puisqu’ils consomment les refus des vaches. Nos comtois pourraient être difficilement remplacés par des bovins, car les bâtiments d’élevage sont pleins », explique-t-il.

L’exploitation est orientée vers le lait . Elle livre sa production à la coopérative Pâturages Comtois, PME située à quelques kilomètres de là et dont Frédéric, 41 ans, est administrateur. « Nous visons un coût de production du lait maîtrisé. Nous sommes à ce titre engagés avec la coopérative dans l’action Modlait, qui permet d’étudier en groupe nos voies de progrès », indique-t-il. « Notre troupeau possède un bon niveau génétique, permettant des ventes de mâles à Umotest. Toutefois notre objectif n’est pas la production par vache, mais la rentabilité », ajoute Philippe, 35 ans. Selon une logique d’économie, les laitières occupent entièrement deux étables à logettes de 1989 et 1993 réaménagées pour communiquer, et l’autonomie en fourrages est une priorité. La ration complète, réduite de moitié en période de pâturage, se base sur 50 % maïs, 50 % herbe incluant de la luzerne, et intègre des tourteaux de colza et des sous-produits (drèche de blé, pulpe de betterave) achetés en vrac au cours les plus bas, ainsi que des céréales de l’exploitation. « Nous disposons de trois mois d’avance de stock de maïs ensilage et de six mois de foin-regain. L’autonomie passe par cette sécurité, qui nous a sauvés cette année, et nous permet d’aborder l’hiver assez sereinement », souligne Frédéric. Le prix du lait l’inquiète davantage. Il table sur une baisse annuelle de 40 €/1 000 l par rapport à 2014, qui induira un manque de trésorerie de 36 000 € sur la ferme.

L’avenir du comtois
lié aux prix

Sur l’activité équine, la perte de débouchés pour la viande et la baisse des prix a conduit, il y a cinq ans, le Gaec des Montants à suivre une nouvelle voie de valorisation pour ses poulains : la vente de viande en directe. L’objectif majeur de cet élevage, qui s’illustre aux concours de la race et possède le statut d’étalonnier, est certes de valoriser sa génétique par les ventes de reproducteurs. « Une quinzaine d’étalons issus de notre élevage ont été vendus dans toute la France, se félicite Étienne Garret. Et trois pouliches de 6 mois partent chaque année, à 1 200 € par tête : sans voir consommé d’aliment ni occupé aucun bâtiment, la rentabilité est meilleure qu’un jeune bovin ! »

Mais reste à valoriser les poulains que le Gaec ne garde pas pour le renouvellement ou la vente comme reproducteurs. « Depuis 2010, nous les faisons abattre à plus de 15 mois, lorsqu’ils sont sevrés et consomment de l’herbe et du foin, pour une viande rouge, de bonne qualité. Un prestataire découpe et conditionne la viande en colis de 6-7 kg. Nous les commercialisons à une clientèle fidèle, sur la région et au-delà, poursuit Étienne Garret. Alors qu’il y a quatre ans les poulains engraissés partaient sur l’Italie à 500-600 € (à peine 1 euro par kg vif), et qu’un boucher achèterait aujourd’hui le poulain 3 €/kg de carcasse, nous valorisons notre viande en colis est entre 4,2 et 5 €/kg de carcasse », chiffre-t-il. Ce passionné, membre du bureau de l’Association nationale du cheval de trait comtois (ANCTC), se réjouit que ce créneau de vente puisse consolider l’avenir des comtois sur l’exploitation.

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